Victoire
Elle dit à l’assemblée : Georges Constankis est mort !
Ça lui sort de la bouche comme un cri de combat. Comme s’il fallait être la première à annoncer la nouvelle. La première sinon c’est trop tard. C’est raté et quelqu’un d’autre aura attiré les regards à sa place. Focalisé l’attention quand elle la voulait juste pour elle.
C’est comme ça dans son monde. On y annonce les « mauvaises » nouvelles dans l’urgence. Pour la primeur. Pour l’intérêt que cela va générer l’espace d’un instant. Pour le poids des regards sur soi et l’étrange confort qu’ils procurent. Pour la fierté d’être celle qui dit. Celle qui sait. Quand les autres ignorent, celle qui provoque l’émoi.
Être la première à nommer. Instant de gloire. Cri de victoire.