Tiens-toi droite !
Deuxième long métrage parfaitement raté de Katia Lewkowicz, Tiens-toi droite ! était attirant par son casting prometteur. Mais ni Marina Foïs, ni Noëmie Lvovsky, encore moins Laura Smet n’ont pu relever le défi de rendre un scénario insipide intéressant.
L’histoire conte trois destins de femmes. Stéréotypes en écharpe, elles sont parfaitement aliénées, limite dingues, baisent comme des lapines, vivent pour autant des vies mornes les privant d’exprimer pleinement leur potentiel, c’est certain !
L’une, parce qu’elle est mûre précocement et aguicheuse, est bannie à l’autre bout du monde. Elle aime profondément Papa et les scènes l’associant au père collant sont pathétiques. Elle se rêve en miss parce qu’elle est belle. Très vite, elle signera un contrat de prestige avec un homme riche et s’affichera à ses côtés, afin de redorer l’image désastreuse dudit homme. Tiens, n’aurait-on déjà vu pareille situation en politique associée au mannequinat ? L’homme la suit, la couve sous contrat, semble ne rien saisir d’elle. Il faut dire que le bougre s’intéresse assez peu à la psychologie de son nouveau bijou qui, soit dit en passant, est incapable de prononcer une phrase complexe, voire d’exprimer un point de vue.
Une autre de ces femmes fait des enfants en série. Des filles exclusivement, dont l’une s’intéresse au multimédia, à la mode, et monte un blog qui rencontre un vif succès. Tiens, ça me rappelle quelque chose, non ? la mère sombre après une quatrième naissance qu’elle avait promis être un garçon, et perd la confiance et la joie de vivre de son mari virant mutique. Elle traverse sa vie en fantôme d’elle-même, puis, un beau matin, décide de prendre les choses en main : quoi précisément ? on ne le saura jamais – une ellipse sans doute – et rien ne viendra nous éclairer sinon la continuation de ce chapelet de clichés.
La troisième vit une vie professionnelle compliquée par l’héritage de la blanchisserie paternelle, un homme dont elle est fille naturelle. Sa mère y travaille qui a été savamment abusée par l’ex-patron, comme l’ensemble des salariées semble-t-il. Les femmes blanchissent dur mais gagnent mal leur vie. L’héritière qui baisait debout avec son amant prend son destin en main – elle aussi, décidément, que de femmes volontaires… Elle veut gagner plus et cumule deux métiers. Car il sert de coucher, Mesdames, pour voir sa carrière avancer. Elle entre dans la boîte que dirige son amant, le prive de relations intimes et met l’équipe au boulot. Cette femme est visionnaire et va œuvrer à sortir une fabrique de poupées de l’ornière en remodelant son modèle phare. Petite leçon de marketing pour les spectatrices et hop, le tour se joue.
Le trio de femmes se rejoint autour du nouveau projet commercial de l’entreprise de poupées. La belle parce qu’elle est miss et que son corps sera moulé pour le nouveau modèle de jouet – scène pathétique lorsqu’elle verse une larme, tellement heureuse de travailler, enfin, dans l’industrie, comme Papa ! La mère parce que sa fille blogueuse devient la super amie de la belle qui confie son destin aux visions de l’enfant. La blanchisseuse devenue cheffe de projet en coordination de troupe.
Oscillant entre des images d’un clip désordonné, un projet de film avorté, une caricature des femmes et de l’absence des hommes à leurs côtés — les hommes sont mous, sauf à baiser, absents et plutôt incapables — ce film est vite ennuyeux et d’une platitude consternante.