Tentative de printemps
Réveil à 4h15, nuit encore sombre. Après quelques palabres, rendormissement jusqu’à 6h15. Puis lever et rituels matinaux : douche, crèmes, étirements, petit déjeuner protéiné – décalage oblige, tenir debout – et arpentage de la ville.
Montréal un lundi matin, avec plus de rythme dans les rues et le métro que la veille, dimanche pluvieux à rester au coin du feu. Ville active vers ses bureaux, métro emplis qui déversent leurs flots minutes après minutes, rues à circulation fluide. D’un jour à l’autre, la ville change d’humeur.
Montréal et son lot de SDF, tendant une main, une écuelle, un sourire ou une railllerie. Toxicomane tremblant quémandant une pièce, regard éploré, son corps accroupi contre un pan de mur, incapable de tenue.
Montréal et ses abondants touristes pressés par la pluie et la grisaille du jour. Accents français, expressions allemandes, asiatiques, italiennes, russes… Le monde entier se retrouve à arpenter la ville, se croisant au fil d’avenues et de quartiers découpés à angles droits. Bus de visite touristique, calèches et chevaux dans le vieux Montréal, début de saison pour les croisières sur le Saint-Laurent, une autre façon d’admirer la vastitude de la ville.
Rencontre avec Jean-Louis Tripp. Le dernier tome de Magasin général est en cours d’achèvement. Il paraîtra à l’automne prochain. Invitation à une visite dans l’atelier de l’artiste : magie de la découverte du travail en cours, de l’immense chantier consistant à dessiner à deux, Jean-Louis Tripp après Régis Loisel, de l’errance parfois sur une case qui ne prend pas. Planches, crayons, photocopies, pages scannées, découpage, collage, fixateur, l’artisanat règne ici en maître. Quelques révélations quant à la fin de la saga québécoise. Tripp expose ses outils, commente ses besoins de gommage efficace, la difficulté de se procurer du matériel performant quand de plus en plus de dessinateurs travaillent à la palette graphique, ne produisent plus d’originaux à exposer traçant les traits, les hésitations, la patte. Questionnements du dessinateur à propos de la suite de son travail après ces neuf ans consacrés à une seule et même histoire co-écrite et co-dessinée.
L’hiver a débuté dès décembre cette année, le besoin de printemps est palpable. Les vélos en location sont de sortie. Les cyclistes colorent les couloirs destinés à leur circulation ou à celles de patineurs, de skateurs.
Un premier rayon de soleil et les terrasses des cafés se remplissent. On tombe les vêtements chauds pour s’adonner à la douceur de l’air. Besoin de chaleur, de vitamine D. Besoin de vie en plein air. Marre de l’hiver trop long.