Tea time
17 heures. La place bruisse du mouvement automobile. La fontaine projette l’eau d’une dizaine de becs vers le ciel. Qui retombe et clapote. S’amoindrit et reprend de plus belle. Le son couvrant parfois celui des incessantes voitures.
Devant le théâtre, un groupe de collégiens gagne les marches. Jets de corps et de sacs qui s’affalent sur la pierre usée. Des garçons se lèvent, chahutent, s’assoient brusquement. Trois filles et deux garcons sont encastrés dans la largeur d’une porte. Jambes repliées, focalisés sur l’écran d’un téléphone mobile qui circule entre les regards. Manège du retour à l’air libre.
Ombragée, la terrasse du bar se peuple lentement. Une bière, un soda, un thé vert, quelques biscuits sablés.
Le soleil cogne. L’air est lourd, tendu vers l’orage qui s’annonce. Nuages sombres amassés au lointain. Légère brise qui les portera ci-dessus.
Sound-system dans une voiture aux vitres abaissées. Basses et aigus saturés en guise de construction musicale. Un scooter piaille. Véhicule de gendarmerie sirène au vent.
Je gage que dans moins d’une heure, la ville aura dégonflé son air mouvementé et redeviendra une petite ville aux airs bien sages. Celui qu’elle avait encore ce matin même peu avant 8 h.