Sur le départ
Quatre jours à Montréal. Tout juste le temps de sentir son corps s’habituer, en journée, à se décaler heure par heure. Arriver à vingt heures sans se rendre compte qu’il était quatre heures du matin, au même moment, il n’y a pas si longtemps. Batailler encore la nuit, réveil à quatre heures, trop tôt ; puis à cinq heures trente, pas mieux. Après des années sans avoir su dormir jusqu’à onze heures ou midi, guère de changement à l’étranger.
Douceur et soleil printanier donnent aujourd’hui à la ville une nouvelle luminosité. Adoucie. Lunettes solaires, épluchage de vêtements à mesure que la journée avance, jusqu´à avoir chaud, vraiment.
Immense promenade au mont Royal, sa végétation dénudée, hivernale, bourgeons à peine dessinés, écureuils amaigris. Déambulation sans fin dans les rues, les avenues, les boulevards. Mile End, quartier Latin, quartier Chinois, pauses magasinage et breuvage, déjeuner végétarien. Montréal est particulièrement achalandée en restaurant vegie, bios, alternatifs.
Dans l’après-midi, gourmandise à la Maison du thé, rue Émery, tout près de la Grande Bibliothèque spectaculaire dans laquelle j’ai trouvé un exemplaire de Trauma. Thé raffinés et pâtisseries exceptionnelles, l’ensemble bellement mis en scène. La pause est longue et salutaire.
Viendra l’heure de rentrer chercher les bagages pour se rendre vers l’aéroport Trudeau. L’heure de rejoindre l’arrêt de bus 747 vers le vol international Montréal-Londres en 6h25. Londres-Toulouse, ce sera pour demain début d’après-midi, arrivée toulousaine à l’heure du thé.
Les bagages alourdis de sirop d’érable roulent sur les trottoirs fatigués. La navette est ponctuelle, fréquentée. Un groupe d’enfants mexicains se fraye un passage vers le fond du bus. Chacun trouve une place et une gamine appelle l’accompagnatrice à qui elle cède son siège. Elle se pose plus loin. Les enfants semblent épuisés. L’une s’endort, un autre pique du nez, s’assoupit et pose la tête sur une épaule voisine. L’accompagnatrice sourit, discute avec un passager qui a engagé la conversation. Ailleurs dans le bus, un jeune homme déploie une étonnante technique pour curer son oreille gauche. Il gratte le lobe de fond en comble, glisse un ongle sous un autre et éjecte ce qui a pu se glisser sous la corne. Recommence son geste comme un tic. Sait-il seulement ce qu’il fait ?
Enregistrement, file d’attente sans fin pour les contrôles de sécurité. Émouvantes séparations et embrassades, larmes de ceux qui quittent à regret, en route vers l’embarquement. Attente, puis installation dans l’avion et vol de nuit artificielle vers Londres.
Québec je me souviens. Montréal je reviendrai.