Sivens, zone humide du Testet
Mille deux cents personnes étaient réunies dimanche 7 septembre dans la zone humide du Testet. Un pique-nique a ouvert la journée. S’en sont suivies de nombreuses interventions fort instructives de représentants du collectif, de zadistes* émus aux larmes en racontant la déforestation et sa brutalité, de paysans de la Confédération, de politiques, d’élus Europe Écologie-les Verts au conseil régional — discours passionné de Gérard Onesta. Puis José Bové a annoncé avoir enfin réussi à joindre le bras droit de Ségolène Royal pour tenter une clarification sur le sujet et pour, surtout, obtenir un moratoire et l’arrêt des travaux.
Entre autres choses édifiantes, j’ai appris que le système de déni de démocratie qui se joue à Sivens avait déjà fait ses preuves ailleurs dans le département. Le planning : un projet est imposé, les travaux lancés à grands renforts de police pour contrer les opposants. Les associations ont par ailleurs lancé des recours par voie de justice, pour annuler un projet inique qui ne respecte pas les fondamentaux écologiques. Les politiques impliqués dans le projet jouent contre la montre. Entourés de médias complaisants et « d’amis » qui tireront profit de la situation — ce qu’a vivement dénoncé Onesta, parlant de consanguinité politique donnant des projets dégénérés — ils font la sourde oreille aux revendications, et attendent que la justice tranche. Mais les procédures sont lentes et longues. Aussi, le terrain est occupé sauvagement par les policiers, les déforesteurs puis les bétonneurs. Cela va toujours plus vite que la justice. Ensuite, même si un procès plaide en défaveur du projet — dont la construction est alors achevée — le démantèlement ne survient jamais. Le projet rejeté est imposé de toute force. Les intérêts et magouilles peuvent continuer. La démocratie est foulée.
Pendant l’après-midi, un hélicoptère a survolé la zone, s’est approché de la tribune pour en couvrir la sonorisation sans doute, puis s’en est retourné à ses repérages et comptages.
Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn, porteur du projet de barrage, est élu socialiste. Ici, la lutte ressemble curieusement à celle visant à préserver la zone humide de Notre-Dame-des-Landes et le projet d’aéroport que Jean-Marc Ayrault, élu socialiste, a tenté de faire passer en force, lui aussi.
Quand les politiques manquent d’éthique, de respect, servent leurs intérêts et ceux des leurs, en dépit du bon sens, en dépit de la nécessaire transition énergétique qu’ils affichent pourtant, tel un étendard à camoufler leur traitrise et leurs agissements tyranniques. Quand leur parole ne vaut rien… faut-il les laisser faire ? Les laisser se croire seigneurs en leur domaine, un peuple asservi et mutique à leurs pieds, leurs caprices exaucés sans discussion.
Le collectif et les zadistes résistent : ce sont eux que les politiques taxent d’éco-terrorisme. Le collectif a besoin de soutien, le début de semaine est crucial.
Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet
* les zadistes sont les occupants d’une ZAD : zone à défendre.