Saison d’époque
Elle s’agace. S’indigne même. Ne peut s’empêcher de les trouver ridicules tous autant qu’ils sont. Tous ces doubles, fourbes, indélicats.
Autour d’elle, des gens subitement concernés. Dans une curieuse agitation. Des gens pour qui ça compte. Vraiment. Regard tendu, patte de lion entre les yeux, tentant de se faire convaincants.
Des gens pleins de bons conseils et d’avis tranchés qui jouent au premier plan un rôle trahissant leur second : celui de fond de cour qu’ils tentent de dissimuler mais qui parle à leur place.
C’est important de faire le bon choix. Les gens subitement concernés le disent et le répètent. Omettant de préciser qu’il ne s’agit pas de conviction mais d’intérêt. Souvent personnel. Subitement pleins de bons mots et de belles idées, jusque-là et sans doute juste après encore, ils n’avaient pas grand-chose à faire d’elle. Avant. Se fichaient pas mal de ses convictions ou de ses engagements. De ses propositions même.
Rien à faire car le danger était à distance. Leur gamelle bien remplie et de quoi contenter leurs appétits variés. Avant.
Avant, c’était engranger. Profiter. Dilapider peut être. Partager ? Parfois, entre initiés. Jamais plus.
Des gens comme ça, accrochés aux rubans, elle en croise tant. Dans de nombreux milieux. Des gens qui croient très fort aux histoires qu’ils se racontent pour déformer le réel et le tordre à leur goût. Moins joli le réel les yeux dans les yeux. Passionnantes croient-ils les histoires dont ils se gaussent qu’ils écrivent à leur mode dans une complaisance éhontée.
Les gens subitement concernés sont mus par la peur. Elle le voit et l’entend dans leurs mots empesés par le poids de la dissimulation. Ils craignent, redoutent, tremblent. Ils ont peur d’une défaite qui signerait une gamelle moins lotie. D’un échec qui montrerait leur incompétence. De la fin d’un règne début des complications.