Quid
Il cherche et ne trouve pas. S’interroge et ne répond guère. Veut comprendre et reste avec un insupportable flou. Pas de mots. Pas d’images. Rien. Traversé par une succession de doutes et de tergiversations il ne comprend pas. Ne comprend plus. Manque de mémoire et réalise qu’il fuite. S’inquiète.
S’épanche de lui ce qu’il pourrait appeler sa raison. Sa compréhension du monde aussi. Une forme de sagesse encore. Tout ça le quitte, l’évite, le manque. Tout ça le déprend et le transforme, il s’en rend bien compte.
Il tente de se souvenir quand les choses ont changé. Quand les premiers dérapages lui sont apparus. Quand les premiers silences gênants sont venus gratter sa sérénité. Agiter le calme familier et la maîtrise qui l’accompagnait auparavant sans faillir. Gestes sereins, langage posé, réflexion avant toute parole, avant chaque mouvement : du vent !
Il se pose mille questions sans qu’aucune ne trouve de réaction satisfaisante. Les phrases se bousculent dans sa tête et les mots se chevauchent. Il se figure la mélasse. Sa bouillie mentale. Y plonge une cuillère à soupe et touille. Soulève une partie de sa peine sans pouvoir y mettre de l’ordre, quelque logique. Absolument déconcertant.
Il repose son fardeau, s’affale dans le fauteuil du séjour dont il se demande qui l’a installé là, car il ne le connaît pas celui-là. Il lève les yeux, par la fenêtre regarde le paysage. Se pousse sur ses jambes et ouvre la double porte. Un pied sur le balcon il est surpris. Ébahi même. Il sourit comme un gosse et se réjouit : devant ses fenêtres, une allée de platanes, un canal bordé de péniches amarrées, des cyclistes et des badauds au bord de l’eau. Le reflet du soleil déformé par l’onde.
Son rêve de toujours que d’être au bord de l’eau. Il ne savait même pas qu’il habitait là maintenant.