Pour votre sécurité… 5/7
(…) À la sortie de l’immeuble les itinéraires se séparent. Chacun rejoint sa section. Son parcours fléché.
Sur les avenues les caméras accompagnent. Elles surveillent à distance. Je ne connais personne qui travaille là. Le bâtiment de l’appartement est celui de la construction des autos. Et des machines qui assistent. Je ne connais rien d’autre.
Pendant le trajet vers la tâche des portiques repèrent les passages. Une broche métallique est glissée dans la bordure de l’œil. Je la sens à chaque battement de paupière. Une autre à la tempe. De l’autre côté. Au cas où une serait en panne l’autre déclare à ma place le franchissement. Je suis comptée. Répartie. Drainée. Je ne crains pas d’oublier.
Répertoriée et surveillée. La broche défectueuse changée dans la journée.
Chaque jour toujours le même trajet. À pied. Le moindre retard au portique signalé. Verbalisé. Le moindre écart dans la rue contrôlé. À distance. Par borne interposée. L’autoréglage à faire vite.
Après la marche je descends au train souterrain. Alors que d’autres s’engouffrent au tram aérien. Personne ne parle. Les cases sont de cinq passagers. Écoutés.
Les escaliers disent que ce sont les chauffeurs qui ont demandé la surveillance filmée et écoutée. Les premiers. Pour leur sécurité et celle des passagers.
Je ne comprends pas le mot. Sécurité. Les escaliers ne l’expliquent pas plus. Rien ici n’est sécurité. Tout est réglé. Encadré. Dirigé. Contrôlé.
Dans les couloirs du train souterrain j’efforce de sourire aux yeux rouges. Comme le panneau demande. Du souriez vous êtes filmée que je comprenais sans le décoder je suis passée au mépris des regards froids et métalliques. Inquisiteurs et voleurs. La fouille permanente par l’image dérobée. Celle qui est redistribuée au journal télévisé. Au moindre dérapage avec les convenances.
Filmé dénoncé montré. Retiré. (…)