Pour Rémi

Pour Rémi

Sivens3

Dans la nuit du 19 au 20 octobre 2015, la Pelle mécanique a installé une sculpture dans la vallée du Tescou, à Sivens, sur le sol damé où Rémi Fraisse a trouvé la mort sous les grenades policières, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014.

Une main géante taillée en pierre de Castries s’ouvre sur des roues de charrette en bois serties d’acier. « Nous humains, enfants de la Terre, continuons le combat pour la vie » est gravé au poignet de l’œuvre, aux côtés d’une renoncule.

 

Préserver la vie et les espèces vivantes sur la Planète, c’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Il n’y a plus d’alternative.

Il s’agit de changer le paradigme d’un modèle économique basé sur le pouvoir et l’accumulation de l’argent érigés en uniques buts à vénérer, en fascination mortifère. Un modèle basé sur l’esclavage massif au profit d’un petit groupe s’auto-assignant le titre d’élite et s’enrichissant en appauvrissant le reste du monde. Un modèle basé sur la manipulation des masses par une pression médiatique anxiogène qui vide les esprits de leur sens critique et civique, porte aux nues des humains carriéristes, veules et cyniques, obsédés par leurs biens personnels. Un modèle basé sur la colonisation des pays dits du tiers-monde, l’octroi de leurs richesses et l’imposition du système néolibéral en guise de panacée universelle prétendument « élévatrice ». Un modèle basé sur la division des citoyen-es mises à l’œuvre avec la complicité des médias et de la surveillance massive dorénavant. Un modèle basé sur des décisions arbitraires motivées par des groupes d’influence, sans concertation citoyenne.

Face à la coercition de ce modèle économique de la domination, il s’agit de se relier, de faire ensemble, de se porter protection mutuelle comme de protéger l’environnement. Il s’agit de ne plus s’en laisser conter et de se le dire les un-es, les autres.

Il s’agit de devenir adultes et de quitter les prophètes d’un modèle aux « parents » abusifs qui laissent accroire que leur violence est inhérente à l’humanité. Qu’il en a toujours été ainsi. Que, dans leur famille, il y a les « ayants-droit » et les autres, les purs et les moins nets…

Il s’agit de renoncer à un héritage qui érige l’argent en valeur absolue. Nouvelle religion monothéiste, dont le dieu à révérer exige le recours aux sacrifices humains. Un héritage qui dit : regardez ! il y a ceux qui veulent et qui peuvent ; les autres n’ont qu’à… martelant une responsabilité dont bon nombre sont privés, empêtrés dans des questions de survie, d’angoisse économique. Minés par la nécessité d’assurer leurs besoins de base : manger, s’abriter, se laver.

Un héritage qui prétend offrir le pouvoir à chacun-e tant qu’il se limite à celui de l’achat. Un pouvoir qui devient suspect, ennemi, qualifié de tous les maux, aussitôt qu’il met en œuvre une société plus juste où la préservation du Vivant comme l’élévation de l’être humain comptent, où le renoncement au consumérisme suicidaire est urgent.

Faire fi des divisions sociales et mises en catégories qui stigmatisent les particularités comme les singularités. Abandonner la division régnante pour dire que la vie est plus forte. Que le désir d’être ensemble et d’avancer main dans la main, désarmés, est souverain.

Reconnaître, enfin, que l’économie de la guerre est barbare, criminelle et malsaine ; que la paix est porteuse de richesses à partager, d’invention, d’émancipation et d’une multitude de qualités enrichissantes pour le bien commun.

La préoccupation majeure d’une société placée sous l’insigne de la liberté, de l’égalité, de la fraternité n’est-elle pas le bien commun ?

Cet article est également en ligne dans les pages de mon blog Mediapart.

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