Épisode 3/9

Lui, les yeux tendus par la lumière qu’il n’avait pas anticipée, se déplace rapidement dans l’appartement. Il tente d’échapper à celle qu’il avait repérée pour sa docilité. Du gâteau il s’était dit. Non ! Du beurre… Enfin, il ne sait plus ! Il se déplace dans le deux pièces cuisine salle de bains wc séparés et rejoue le film des minutes précédentes. Il a escaladé l’immeuble du front de mer accessible depuis une ruelle que les éclairages publics laissent au repos. Il a visé le deuxième étage. Elle, repérée sur la terrasse. Derrière le plexiglas bleu ciel, lunettes de soleil rivées à la ligne d’horizon. Tenue discrète. Cheveux attachés. Circulation organisée dans les rues, chemin similaire à chaque sortie, horaires fixes. Corps alléchant. Rondeurs. Fesses rebondies appelant la caresse et la claque stimulante. Maintenant qu’il est dans la nasse, il ne veut pas calancher. Quel con !

Elle, elle le sent paniquer. Changement d’excrétion trahissant son état d’inquiétude. Elle a du nez. Douleur dans les mollets mais ses jambes continuent de fouler le parquet après le carrelage. Mécanique emballée. Elle avance vers lui qui tourne d’une pièce à l’autre. Circuit en huit. Répétitif. Tête déconnectée du corps. Aucune prise. Elle laisse faire. Sortir l’instinct de survie qui décuple ses forces. La peur première remplacée par le barrage. L’opposition absolue à ce qu’elle a senti venir.

Lui, tellement sûr, en a oublié les règles basiques de sécurité. Pas vérifié la porte d’entrée. Pas dégagé la place pour une sortie d’urgence. Quel con ! Rien anticipé. Il est allé directement dans la chambre, maintenant, il va payer. C’est sûr qu’il va morfler avec une fêlée pareille. Il n’aurait jamais cru… son air tellement fragile. Il pense à la porte. Verrou et chaînette serrée c’est sûr. Cogne sa hanche contre la tablette de cuisine. Le mur vibre. Lui lâche un râle de douleur. Boitille en continuant de devancer la dingue parfaitement automatisée. (…)