Pas encore seul
Il pleure. Articule un « Maman » pas tout à fait prononcé. Force son allure et la freine aussitôt. Il est à la suite. À la traîne. Main gauche, son doudou maintenu contre sa hanche fouette le sol. Qu’importe. Il pleurniche. Dit encore sans prononcer tout à fait. Accélère et ralentit.
Il a trois ou quatre ans. Casquette sur la tête. Débardeur et short. Ses sandales ralentissent sa marche à chaque mouvement de ses pieds qui refusent de se lever, de gagner en amplitude.
Il ne veut pas mais va quand même. Il est triste et avance par à-coups. Il voudrait dire non, s’opposer, semble n’avoir pas le choix. Avancer, suivre toujours. Ne pas être entendu.
Quelques mètres devant lui, un homme marche vigoureusement. Basset en laisse, il ne porte pas le regard vers l’enfant qui s’apitoie. Ne le considère pas. Ne porte aucun intérêt à la charge de sa peine. Pas de soutien ni d’encouragement.
Pourtant, le petit suit le grand. L’un est-il issu de l’autre ? L’un est-il l’issue de l’autre ?