Monique #3
Épisode 3/5
(…) Monique feuillette distraitement les pages du magazine de décoration qu’elle a acheté et n’y trouve pas grand-chose à son goût. Elle le repose, le remplace par la Trilogie berlinoise et tente de se laisser emporter par les pages de la nouvelle intrigue dans les rues de Berlin aux prises avec l’avènement d’Hitler, la montée du racisme et du nazisme en Allemagne. Drôle de livre pour les vacances, se dit-elle, cependant qu’elle connaît sa fascination pour la période de la seconde guerre mondiale et les traces qu’elle a laissée parmi les membres de sa famille.
N’y tenant plus, Monique range livre et magazine dans son sac de plage. Elle se lève et approche de l’eau qui charrie algues et écume. Les orages de la veille l’ont considérablement troublée mais qu’importe : Monique a besoin d’apaiser la chaleur qui se diffuse dans son ventre et le tend d’une troublante ardeur.
Les fesses tournées vers la plage, Monique serre à peine les muscles de ses abdominaux pour lisser son ventre. Elle aime son corps et le sait attirant. Elle est ronde. Juste ce qu’il faut pour être bien dans sa peau et continuer de danser, courir et faire tout ce qu’elle aime sans être retenue. Elle sait que les hommes aiment la rondeur. Davantage que la maigreur car, qui aime frotter sa peau à des os ? La rondeur c’est accueillant, bienveillant. C’est souple et charnel. Sensuel et stimulant.
Les yeux mi-clos, elle avance dans l’eau. Les vaguelettes éclaboussent sa peau au-dessus de ses genoux. Elle avance encore. Ralentit lorsque l’eau vient lécher le haut de ses cuisses. Émoi de son sexe. Elle entrouvre la bouche et respire profondément. Elle rit. Son dos doré par des heures d’exposition au soleil de printemps suivi de celui de l’été est agité de légers soubresauts. Monique se réjouit du moment dont elle profite pleinement. Elle s’enivre de ses sensations et se sent bien vivante.
Elle allonge lentement le poids de son corps dans l’eau, articule quelques brasses, regrette d’avoir gardé ses lunettes de soleil qui la privent d’un crawl défouloir et opte pour un dos crawlé. Elle s’éloigne de la rive dans une eau de marée haute calme et fraîche qui la soulage effectivement de sa tension intérieure.
Monique nage, flotte, nage encore en alternant rapidité et lenteur puis elle laisse l’eau la porter pendant de longues minutes, bras écartés, jambes ouvertes. Elle se dit qu’un moment comme celui-ci vaut tous les sacrifices. Qu’un tel plaisir est à la hauteur de ses aspirations. Elle se félicite d’avoir choisi la Turballe et la plage naturiste pour ses vacances cette année. Elle se sent fière, heureuse, cependant que ses seins se tendent, pointes durcies vers le ciel.
Monique rebrousse chemin et rejoint le rivage. Elle s’assoit un moment dans l’eau sur les galets. Elle profite des sensations que la nage lui a procurées. Elle ferme les yeux. Se laisse bercer par le ressac et sa mélodie lancinante au roulis de cailloux. Sent le rythme de son cœur s’apaiser. Ses muscles se détendre. Alors elle déplie son corps et marche vers son paréo qui l’appelle de sa couleur bleu Klein repérable de loin. (…)