Monique #2
Épisode 2
(…) En cette matinée, peu de monde encore sur la plage. Elle repère cependant l’homme qui était installé près d’elle hier et qu’elle avait observé, les yeux protégés par ses lunettes de soleil.
Monique préfère le soleil du matin, plus doux et savoureux. Ici, l’air demeure léger. La brise souffle et jamais elle ne se sent transpirer — à la différence des Landes où il fait parfois si chaud que la plage en devient insupportable.
Gestionnaire dans un groupe immobilier d’importance, Monique ne dit rien de ses vacances à ses collègues. Si la question se pose de savoir où elle part en congés, elle répond brièvement qu’elle part à la plage, comme tout le monde. Elle demeure secrète et seuls ses véritables amis connaissent son goût pour baignade sans maillot. Ils sont cinq et cela suffit. Monique ne mélange pas tout et, surtout, elle n’a jamais considéré ses collègues comme copains ou copines, encore moins amis. Pour elle, le travail est une chose, la vie privée en est une autre.
Elle s’allonge sur le dos. Se sent bien. Repose sa fatigue annuelle cumulée, la rôtit au soleil estival et pense à son déjeuner. Elle sourit en imaginant ce qu’elle ferait de son voisin de plage, en guise de repas. Aussitôt un aperçu formulé dans son esprit, elle sent son bas-ventre se tendre. Elle prolonge l’image de l’homme allongé nu sur une longue table de bois massif, au milieu d’une pièce aux murs de chaux blanche. Un marchepied mobile depuis lequel prendre de la hauteur. La tension dans son ventre augmente.
Puis elle se demande à quoi cet homme peut consacrer son temps. Elle tourne la tête vers lui et observe à nouveau son corps. Il est sur le ventre. Fesses rebondies. Poignées dites d’amour. Cheveux courts tempes grisonnantes. Légère trace de calvitie. Sa tête est large. Massive. Le ventre de Monique frémit encore. Elle porte ses yeux vers le ciel, repose son regard. Elle se redresse et s’assoit. Tire vers elle l’ingénieux pliant qu’elle s’est offert pour ces vacances et l’installe en position « fauteuil de dos ». Elle s’allonge, buste dorénavant soutenu par le siège qui lui permet de se trouver en positon de lecture. Elle sourit en s’imaginant sur la plage comme dans son lit, chevet éclairé, son livre du moment entre les mains. (…)