Léna, feuilleton
Épisode 5/5
Puis Léna et Carlo ont regagné l’auberge, avec le désir intense de se coucher l’un contre l’autre. L’un dans le souffle de l’autre.
Ils ont fait l’amour lentement. Carlo caressant tendrement l’arrondi du ventre de Léna. Ses mots définitifs à ses oreilles. Des promesses, des projets, des « et si ». Leur corps enchâssés jusqu’au lendemain matin.
Jour J. Heure H. Ils sont là. Tous réunis pour la circonstance. Le ciel est gris ce matin sur Singapour. Les nuages circulent mais le vent reste doux. L’humidité de l’air est forte. Il fait chaud.
Dans le groupe de parachutistes, chacun s’affaire à se préparer, à vérifier ses affaires, à se coordonner. Ils s’échauffent, s’étirent, font quelques ohm pour certains, s’adressent des mots d’encouragement, des sourires parés de clins d’œil.
Les vidéastes profitent de ce temps de chauffe pour filmer les abords de l’immense piscine à débordement incrustée au bord de la terrasse. La vue depuis le surplomb est stupéfiante et la ville au-dessous semble s’étirer sans fin le long d’avenues bordées de buildings au milieu desquels quelques taches de verdure parviennent à rompre la monotonie du gris.
Léna est la première. Elle s’approche du promontoire. Tend les sangles de son sac à dos. Respire lentement, son regard rivé sur la ligne d’horizon. Concentration.
Elle franchit la marche. Pose ses deux pieds bien à plat. Se retourne. Offre un magnifique sourire à Carlo et lui glisse un papier replié dans la main. Se tourne à nouveau.
Les yeux vers le ciel, elle déroule son rituel : appui des pieds au sol, caresse de son visage de ses deux mains, tension des sangles. Deux souffles d’air brefs et sonores. Elle saute.
Lors de ses préparatifs, Léna a délibérément retiré le parachute de son sac à dos. Elle ne veut pas de cette vie qu’on a choisie pour elle. Elle ne veut pas être mère.