Léna, feuilleton
Épisode 2/5
Diplômée d’une école londonienne de commerce international, Léna avait découvert le base-jump durant son année de césure et avait aussitôt décidé de terminer ses études pour se consacrer à ce qui n’était, aux yeux de ses parents, qu’une lubie. Son père l’attendait pour un poste d’encadrement dans son entreprise et il avait estimé pouvoir patienter jusqu’aux trente ans de sa fille. Au-delà, pensait-il, sa réputation en pâtirait, ce qui malmenait la vision qu’il avait de son autorité et de sa capacité à se faire respecter.
Depuis qu’elle avait obtenu de haute lutte l’aval de son mari pour ne plus jamais avoir d’enfant après la maternité liée à son unique fille — qu’elle avait très mal vécue —, la mère de Léna était devenue systématiquement d’accord avec chacune des décisions de cet homme envers sa famille.
Dans le cas de Léna et lors de l’âpre discussion qui avait fêté le vingt-neuvième anniversaire de sa fille, quelques jours à peine après son cinquante-neuvième anniversaire à elle, elle avait donc approuvé, sans aucune forme d’apport personnel, le chantage de son mari qu’elle avait nommé nécessaire force de conviction. L’essentiel était que cet homme règle les affaires, ce qui lui laissait tout loisir pour s’occuper de choses plus légères mais néanmoins préoccupantes. Et que sa fille mène une vie digne, les pieds sur terre, cela va de soi. (…)