Le Semeur
Le Semeur est le premier long métrage de Marine Francen, inspiré du roman de Violette Ailhaud — qui cacherait sans doute le nom d’une autre auteure, un pseudonyme donc, si l’on en croit Slate.
En 1852, un village cévenol est vidé de ses hommes par les troupes napoléoniennes. Après le coup d’État qui a sonné la fin de la Deuxième République, l’empereur Napoléon III fait emprisonner les Républicains du territoire.
Demeurées seules, les femmes s’organisent pour subvenir à leurs besoins. Il est question de survie et, ensemble, elles trouvent des solutions. Le temps passe, les hommes ne reviennent pas et plus personne ne monte de la vallée au village pour donner quelque nouvelle.
Violette est une jeune femme à qui son père a appris à lire, ce qui est exceptionnel pour l’époque [l’instruction deviendra obligatoire après les lois Jules Ferry de 1881-1882]. Violette et ses amies rêvent d’hommes. L’une d’entre elles devait se marier tandis que son promis a été tué le jour de la rafle.
Désolées à l’idée d’être à jamais privées d’hommes à aimer, les jeunes femmes se font la promesse qui si un homme venait à passer par le village, elles se le partageraient pour porter chacune un enfant de lui. Un enfant qui serait garçon ou fille et permettrait de continuer d’élever la vie dans ce village déserté.
Un maréchal-ferrant viendra, la promesse se tiendra.
Avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, Marine Francen met en scène un beau film porté par une lumière extérieure magnifique. Le format carré apporte sa singularité. Et l’auteure se tient à distance des travers qu’on pourrait facilement imaginer dès lors que plusieurs femmes partagent le même homme.
- Entretien avec la réalisatrice chez Allociné