Le Géant égoïste
Premier long métrage de la réalisatrice anglaise Clio Barnard, le Géant égoïste nous embarque à Bradford, dans l’Angleterre du Nord dévastée par le thatchérisme. Ici, la pauvreté côtoie la rudesse de conditions de vies précaires. Violence verbale, morale, manque d’argent et débrouille permanente.
Arbor est ami avec Swifty. Le premier a un frère, toxicomane, une mère qui n’en peut plus et fait du mieux qu’elle peut, le père vit ailleurs. Le second est d’une famille nombreuse, père violent, mère soumise, où l’on vend le canapé élimé dont le crédit court encore pour acheter à manger. Arbor est rageur, hyperactif, brutal. Il rudoie ses profs, se moque de tout, se bagarre avec des élèves qui chahutent son ami, finit par se faire renvoyer définitivement du lycée tandis que Swifty est mis à pied dix jours.
Pour occuper leurs journées de déshérence, les deux ados volent du cuivre, de la ferraille et la revendent. Ils louent cheval et carriole au ferrailleur pour aller plus loin, ramasser davantage et gagner plus d’argent. Ainsi, ils subviennent aux besoins de leurs mères, dans une Angleterre en chômage permanent. Les insultes pleuvent quand ils encombrent les routes avec leur chargement de fortune.
Dans ce film, en parallèle de la rapine et du danger que les adolescents encourent parfois, il est question de cheval. De l’amour de Swifty qui trouve à s’exprimer dans sa relation aux chevaux. Il devient le lad de Kitten le ferrailleur et s’attire ainsi la jalousie d’Arbor qui tente de le décourager.
Sans limite, Arbor vole celui pour lequel il travaille, se fait prendre, doit des comptes. Son ami Swifty vient l’aider à racheter son méfait quand le drame survient.
Après la tension, la dureté, la pluie, la brutalité des adultes avec les enfants, leur manque de parole, l’appât du gain vécus tout au long de l’histoire, la fin du film est particulièrement bouleversante. Dans les scènes finales, la sobriété d’effet révèle encore plus l’immense talent de la réalisatrice.