La Vie quotidienne
Le film d’Isabelle Czajka démarre sur une scène de dîner assortie d’une belle démonstration de ce que peut être la domination masculine dans une ambiance feutrée et bourgeoise.
La Vie quotidienne, c’est celle de Juliette, ancienne prof qui cherche un travail dans l’édition, mène quelques ateliers littéraires avec des lycéennes de bac pro vente, et vit avec mari et enfants depuis huit mois en banlieue parisienne. Car là au moins, il y a un jardin pour les enfants.
Pavillons bien alignés, lac bordé d’arbres qui se reflètent dans une eau tranquille, allers et retours vers l’école à pied, sortie en voiture vers la zone commerciale, la vie est rythmée par les enfants et les mères s’activent à leur donner ce qu’elles peuvent, pensant faire au mieux.
Le film nous embarque pendant vingt-quatre heures dans la vie de Juliette et des femmes de son entourage qui vont mal, se questionnent, regardent leurs maris avec distance, tout en assumant à elles seules la gestion familiale.
Tout en subtilité, le film d’Isabelle Czajka montre comment les hommes actifs, ces éternels absents, sont des brutes envers la femme du foyer. Comment d’une réflexion qui leur paraît anodine, ils ruinent sa journée. Comment encore, en enfants inassouvis, ils pensent être les seuls actifs, tout en ayant besoin d’être guidés par leur femme.
Sans avoir l’air d’y toucher, La Vie quotidienne montre l’ennui des femmes à domicile, les liens parfois maladroits qu’elles nouent entre elles, la banalité de vies dans lesquelles il faut se croire heureuse à défaut d’accéder au bonheur, parce que quand même, le salon donne sur le jardin et la vue y est belle.
Les dialogues qui peuvent paraître convenus sont fins et tout à fait réjouissants quand Marie-Christine Barrault, de passage chez sa fille Juliette, refait l’histoire de sa vie et clame sa liberté de femme. En revanche, il semble qu’Emmanuelle Devos ait déjà joué à de multiples reprises ce rôle de femme sur la brèche dans lequel, ici, elle ne surprend guère.