La French
Marseille, entre 1975 et 1981. Les hommes portent des rouflaquettes, des Ray-Ban qui leur mangent le visage et la mafia fabrique de la drogue en poudre qu’elle exporte à l’international.
Dès les premières images du film, plongée dans le contexte esthétique automobile de l’époque : long plan de circulation de voitures et motos sur les avenues en front de mer. Tiens, un air de Taxi. Premiers coups de feu tirés depuis une moto en direction du pilote d’une Mercedes qui ne s’en remettra pas.
Dans la cité phocéenne, le juge Michel fraîchement nommé s’attelle à démanteler les réseaux mafieux de la poudre. Tantôt empathique ou sans ambages, il est ambitieux, dur à la tâche et son intuition paie. Traque, surveillance, arrestation, mise à mal d’un système rôdé, et, malgré des complicités dans la police comme dans les sphères municipales puis étatiques, le réseau est perforé et des velléités de prise de pouvoir se font jour.
Michel entrave et dérange. Une belle scène entre Michel et Zanni en dit long sur le choc des univers à une époque où, code de l’honneur aidant, on se bat contre un juge mais on le respecte. Un « chacun son camp » qui tiendra jusqu’au moment, fatal, où la mafia sera trop mal en point et où se joueront d’autres intérêts, ceux de la succession à la tête du réseau notamment.
Dès le début de la French, réalisé par Cédric Jimenez, on connaît la fin de l’histoire, librement interprétée à partir de la vie de Pierre Michel. Dans le rôle du juge, Dujardin est souvent convaincant sauf quand il se prend à cabotiner, ce qui ruine l’investissement du rôle. Quelques dialogues bien sentis entre mafieux et flics pour un film d’action dont l’ensemble est assez convenu, appuyé par une bonne distribution : Gilles Lellouche, Céline Salette, Mélanie Doutey. Et, comme dans tout polar qui se respecte, de très bons seconds rôles parmi lesquels quelques belles gueules cassées.