La Chambre bleue
Dans une petite ville de province, un homme vit une relation adultère avec une femme. Les jours où une serviette éponge est accrochée au balcon de l’appartement dans lequel vit cette femme, épouse du pharmacien de la ville, les amants se retrouvent dans la chambre bleue de l’hôtel situé près de la gare.
Désir, plaisir, sensualité, ils se connaissent depuis l’enfance et ont attendu tant de temps avant de s’aimer.
Il fuit ses rendez-vous professionnels tandis que chez lui, il est peu disert. Décalé, il est à la marge, de côté. Sa femme semble lui peser, sa fille guère mieux. Petit à petit, on assiste à la montée de sa colère, on le pense capable du pire.
L’amante intrigue. Elle le voudrait tout pour elle. Projette leur vie à deux, lui confie son amour. Pétri dans une incapacité à nommer ce qu’il vit, il ne cille pas.
Accident de la vie, accident domestique ou crime, le pharmacien succombe à une crise cardiaque et l’épouse de l’amant meurt. Une enquête s’ensuit qui ira jusqu’au procès des amants.
Entre interrogatoires et flash-back, les cadrages sont surprenants, sensibles et sensuels. Le film fonctionne à l’économie de dialogues et on se souvient alors avec jubilation combien le jeu d’acteur se passe volontiers de mots. Regards qui disent tout et scènes qui semblent éclatées dans la chronologie, La Chambre bleue — adaptation d’un roman de Georges Simenon — est un film esthétique, lent, passionnant, qui rappelle la Nouvelle Vague et ses recherches novatrices. À l’heure du standard hollywoodien à paillettes, grosse bande son et discours incessants, ce film est magnifiquement rare, stimulant et reposant.
Mathieu Amalric joue et réalise, entouré de Léa Drucker, Stéphanie Cléau et Laurent Poitrenaud dans les rôles principaux.