Immonde monde
Ce monde veule. Désincarné. Perpétuel concours de médiocrité où les idées se meurent. Où l’intelligence se calcule à l’aune d’un statut social. D’une fortune estimée. Où les parvenus sont rois, tyrans et brutes assoiffées. Les autres leurs manants, quelques fous à la pauvre drôlerie parmi eux.
Monde agonisant. Mutant. En retour vers la barbarie.
Où des décennies de progrès sombrent dans l’à-pic. Millénaires de réflexion jetés aux orties. Idéaux torchés à la fange du profit. Culture commune foulée par la vénération marchandise portée en étendard d’une liberté instrumentalisée.
Des femmes objetisées, constamment méprisées, tenues pour responsables des travers de l’humanité. Pointées en étrangères sur leur propre terre. Des enfants manipulés pour des causes adultes. Et le migrant en traître accommodable en toute circonstance.
Des hommes derechef bestiaux, brutaux. Affichant leur sexisme et leur complexe d’infériorité tournés en velléité d’asservissement. Crachant leur mépris à la face de qui ne s’en laisse pas conter. Taillant par la rumeur, le dénigrement, l’insulte. Fuyant le débat mu en violence assénée.
Monde globalisé. Transformé. Profondément choqué.
Un peuple auparavant éduqué se vautre dans la déconvenue, l’indigence morale. Son point de vue stérilisé par le nivellement de la complexité langagière, par la bêtise téléréalité, par l’appauvrissement de la profondeur d’être. Personnages stéréotypes vulgaires, malhonnêtes, manipulateurs, frappés comme valeurs à envier, à imiter.
Marionnettistes affamés de profits se payant sur la bête décérébrée. Politiques fantoches. Industriels carnassiers. Tout est marchandisé. Calculé. Estimé et objectivé. Et personne pour assumer sa part du chaos grandissant.
Monde absurde. Grotesque. À la dérive.
Immonde monde où l’envie d’en découdre va croissant.