Humeur du temps
Le temps est « continuité indéfinie, milieu où se déroule la succession des événements et des phénomènes, les changements, mouvements, et leur représentation dans la conscience » (dictionnaire Robert, 2009).
L’agitation de l’époque fait accroire à un temps gérable, optimisable, négociable. Un temps à organiser et à contraindre.
La vie est si courte, on n’a qu’une vie, il faudrait gagner du temps tout en ralentissant les traces du passage du temps. Dominer le temps, ce serait dominer le monde en somme…
Luxe de la modernité, le temps semble devenu rare et précieux. Le regarder filer sans inquiétude, le voir passer sans compter, sentir le fil du temps et s’ouvrir à sa caresse, autant d’attitudes hors du temps, loin des conventions de l’urgence et du vite, vite, ça presse.
Vivre autrement qu’en remplissant « tout le temps » le vide de ses angoisses, c’est choisir son tempo. C’est avoir le temps de douter. De se questionner. C’est se laisser cueillir par son imagination avide d’inventer des solutions et de proposer d’autres chemins.
Alors, plutôt que de tenter la domestication du temps, de se plaindre qu’il passe trop vite, de se répéter qu’on n’a « pas le temps », qu’on a « le temps de rien », s’il s’agissait de le vivre et d’éprouver ce que temps apporte à chaque instant — oubliant le temps qu’on y passe.
Prendre ce temps est une question de choix. Une question de résistance. Une question de liberté.
Le temps perdu n’existe pas. Il reste en création permanente.