Gare du Nord
Partager l’intimité de quelques personnages dans les couloirs, sur les quais, parmi les milliers de personnes qui sillonnent chaque jour le lieu, dans le bruit ou la cacophonie d’un univers fourmillant, c’est la proposition de Gare du Nord, un film de Claire Simon.
La narration est construite autour de quatre personnages, deux femmes, deux hommes, qui se croisent, se cherchent, se rendent service, se soutiennent, s’aiment, disparaissent… Et de nombreuses autres figures qui émaillent les scènes, les nourrissent, détonnent, au rythme des trains qui vont et viennent, des annonces micro, du mouvement de la foule pressée.
Dans Gare du Nord, les êtres sont malmenés, les vies pleines d’épreuves, de questions existentielles, de solidarité. Les passagers anonymes traversent les couloirs dans une sorte d’hébétude chaque jour répétée. Seuls quelques jeunes, sourire aux lèvres, apportent de la gaieté dans ce lieu dépersonnalisé, dépersonnalisant. On y vit la peur, la folie, la tendresse et l’errance, le multiculturalisme, le mépris, le désir, l’attente, autant de fragments d’une humanité dont la souffrance est frappante.
Parmi les personnages principaux, Nicole Garcia interprète Mathilde, ex professeure d’université, cancéreuse qui s’accroche encore à la vie ; Monia Chokri est Joan, une femme qui tente avec un certain désespoir de concilier vie professionnelle et vie de famille ; François Damiens joue Sacha, vedette de la télé, obnubilé par sa fille fugueuse qu’il tente de retrouver ; Reda Kateb est Ismaël, thésard en sociologie à l’étude de la gare, attiré par la rébellion citoyenne.
Gare du Nord est une curieuse expérience cinématographique entre documentaire et fiction. Avec peu de plans filmés en extérieur sinon aux alentours de la gare, le film met à l’épreuve d’un lieu inconfortable, sorte de village pourtant foisonnant où des tranches de vie se croisent et se rencontrent aussi.