Extase
Elle se dit ça. Qu’il est beau. Elle se dit qu’il est beau.
Elle se dit ça en le regardant lever les yeux vers elle. Clairs derrière ses montures cerclées de métal. Barbe de quelques jours. Chemise à carreaux bleus ouverte sur un t-shirt clair. Tennis aux pieds, socquettes bordant ses chevilles. Assis au bord de la piste cyclable, il a ouvert un plan de la ville.
Elle se dit qu’il est beau et il l’est réellement. Pas question de plastique. Ce qu’il dégage est beau. Ce qui est beau chez lui prend toute la place. Transpire à travers tout son être. Elle se dit qu’il est beau et que si beau est rare. Contemplation.
Il offre son sourire et pose son bonjour. Joyau du jour. Demande quel est le pont, ce pont-là. Elle le salue en retour. Se penche vers lui. S’accroupit auprès de lui. Très beau. Sourit à cette jeunesse qui est la sienne. Jeunesse animée. Pleine d’allant et d’élan. Il est jeune et il est beau.
Elle nomme le pont. Demande si elle peut renseigner davantage. Indique la marche à suivre pour la visite à venir du jeune homme.
Il sourit. Elle aussi. Ces deux-là se chargent de bonne humeur et se rendent le magnifique service de partager une belle énergie.
Au revoir échangés. Elle regarde le fleuve. Gris. Plein. Abondant. Plutôt rare en été. Elle regarde le fleuve et se dit qu’elle va rejoindre la berge, près de la chaussée. C’est là qu’elle a envie de se poser maintenant. Dans le fracas du mouvement incessant de l’eau. Laisser sa tête s’emplir du bruit de la chute. Regarder les remous et l’écume blanche constraster avec le gris de l’eau. Prendre le temps de perdre le temps.
Elle sautillerait presque aux abords des escaliers qui ouvrent sur la promenade. Enfile les marches en pierre. Rejoint l’allée bordée de platanes. Déjà, elle entend l’eau. Bientôt, encore quelques pas, elle n’entendra plus que ça. Se laisse emporter par le son qui prend de l’ampleur, occupe le paysage.
Elle s’asseoit sur les larges marches de pierre. Sourire au visage, s’abandonne à la berge. Flotte avec l’eau en regard.