Esprit d’hiver
Certains romans agacent. Non par leurs qualités ou le génie de leur auteur.e. Ils agacent la lecture par leurs facilités, leurs approximations, leurs indices disséminés qui montrent que les ingrédients ont tenté d’être rassemblés dans une recette qui demeure ratée. Esprit d’hiver, le roman de Laura Kasischke est de ceux-là.
Malgré bien des critiques élogieuses de la presse littéraire française — Télérama, Les Inrocks, pour ne citer qu’eux — le livre ne décolle pas et donne l’impression d’une nouvelle étirée en format roman. Alors qu’en version courte l’intrigue aurait pu fonctionner, la version longue laisse le sentiment d’un manuscrit inabouti qui aurait mérité d’être retravaillé pour se débarrasser de ses encombrants et gagner en efficacité.
Si l’auteure pose quelques pages passionnantes notamment à propos des orphelinats russes, entre décrépitude et manipulation faite aux « riches » futurs parents adoptifs, des questionnements que soulève l’adoption, si elle dissémine de-ci de-là quelques remarques bien envoyées sur la société américaine contemporaine, l’ensemble reste balourd, l’écriture flottante, les répétitions pullulent.
L’intrigue s’étire pages après pages jusqu’à basculer en plagiat de Stephen King dans la dernière partie de l’ouvrage. Les plus beaux efforts de lecture se voient ici ruinés par une option très — trop — facile. Jusqu’à la fiche d’autopsie, en phase finale, qui permet à l’auteure de ne pas vraiment terminer son livre.
Agaçant, très.