El Club
Chili, bord de mer, le sable est gris et l’ambiance du village guère plus reluisante.
Dans une maison en bout de chemin vit une communauté singulière. Ex curés repris après avoir péché, les pénitents de ce bout du monde vivent en réclusion, sous la gouvernance d’une sœur qui ne semble pas plus sainte qu’eux. La vie routinière suit son cours, entre repas partagés, cantiques et pari sur les courses de chien, ce qui est pourtant formellement proscrit.
Arrive un nouveau pensionnaire auquel la sœur explique le fonctionnement du lieu. L’une de ses anciennes victimes, abusée, l’a suivi jusqu’au lieu de retraite à l’écart du monde. Le jeune homme déclare sa flamme à son violeur, insiste, le nouvel arrivant se suicide.
Un père fin psychologue propre sur lui rejoint la tribu pour enquête. D’où provient l’arme à feu ? Qui sont ces hommes et cette femme qui vivent retranchés du monde ? Boivent en cachette ? Ambiance tendue, non-dits, tentatives de dissimulation des à-côtés interdits, très vite, le groupe pensionnaire se méfie de l’enquêteur. D’aucuns pensent qu’il va en profiter pour fermer la pension et s’inquiètent de leur future relégation.
L’ambiance dégénère au village et dans la maison d’isolement. La victime traîne et devient rapidement la bête noire locale, il met sa peau en danger. Les pensionnaires fomentent un sale coup pour obliger le supérieur à mouiller sa chemise et à les laisser tranquilles. Dans ce lieu qu’on dirait bercé de noirceur, le carnage est pour bientôt.
Inquiétant, parfois monstrueux, le film de Pablo Larrain fonctionne parfaitement. Entre le dégoût qu’inspirent d’emblée ces hommes brutaux, coupables, en tentative de rédemption et la stratégie inique dont ils sont capables pour sortir victorieux d’un processus qui ne leur convient guère, on en vient à se demander qui est le monstre dans cette ambiance complètement décadente. Les profils atypiques s’affrontent dans un film glacial.
El Club, un lieu de séjour en bord de mer où l’on ne voudrait surtout pas vivre.