Dimanche eau d’érable
La pluie s’écrase sur les trottoirs. Les rigoles s’emplissent et des flaques jonchent les carrefours. Ciel gris, humidité forte. La météo d’une journée à rester sous la couette, voire au coin du feu. Mais, pas de temps pour ça ici.
Dimanche matin. Un dimanche mouillé qui tient les Montréalais chez eux. Rues calmes pendant quelques heures. Écharpe, manteau, poncho de randonnée, béret, les gants ne sont pas nécessaires.
Rompue aux temps rudes, particulièrement en hiver quand les températures demeurent inférieures à zéro pendant de longues journées, la ville est équipée de multiples galeries souterraines qui communiquent sur un territoire de plus de trente kilomètres. Les lieux sont idéaux pour échapper à la morosité extérieure remplacée par la mise en scène de boutiques qui se succèdent à en donner le vertige.
Promenade au bord du Saint-Laurent où le cirque du Soleil a installé un immense chapiteau rayé jaune et bleu. À l’arrière d’un périmètre ceint de barrières hautes, huit baraques en guise de groupes électriques dont les moteurs ronronnent sur le vieux port. Le vent s’est levé grisant davantage le fleuve immense, le pont Jacques-Cartier dans la perpective brouillée.
La pluie se fait plus forte et l’envie de s’abriter presse maintenant le pas. Sans doute est-il périlleux de circuler en piétonne dans les ruelles de la vieille ville, bordées de flaques larges, traversées d’automobiles. Pour autant, la prudence des chauffeurs met à l’abri d’éclaboussures. Reconnaissance envers la bienveillance des gens qui, ici, semblent considérer pleinement l’autre et lui témoigner amabilité et égards. Les cousins du Québec ont visiblement développé une part d’humanité que certains congénères tiennent encore en sourdine sur un autre continent de l’outre-Atlantique…
Marché couvert Bon secours le temps de flâner dans une boutique de souvenirs qui vend également des productions indiennes, connaît les artisans et vous conseille d’aller leur rendre visite. Le patron explique aussi que les jeunes Français sont les bienvenus au Québec qui a tout simplement besoin d’eux. Population vieillissante et nécessité de renouveler les talents. D’aucuns sont donc capables de désirer la venue des jeunes, de reconnaître leurs bienfaits. De l’autre côté de l’Atlantique, on a tellement de mal à les admettre, à leur concéder une place qu’ils doivent souvent arracher avant de la faire leur, avant d’être reconnus pour ce qu’ils sont : porteurs d’avenir, rien de moins.
Comme je les comprends de préférer, à la violence d’un vieux pays ronchon, la dynamique d’un plus jeune ouvert sur le monde.