Départ
Après des rues aux automobiles massées, klaxons et scooters en vertige, serrement de tympans pour tenir au-dehors ce chaos incessant, elle arpente le parvis et distance le vacarme. Dehors, l’air est enfin doux et les portes automatiques l’accueillent en mode pleine ouverture.
Allées et venues de corps agités dont certains s’agglutinent devant tel escalator pris d’assaut. Troupeaux de voyageurs encadrés de valises immenses, porteurs de sacs à l’épaule, à dos. Poussettes et porte-bébé, kangourous plaqués sur des torses d’hommes. Gare grouillante. Bruit de fond permanent. Va et vient en un fracas difficilement soutenable. Mesure-t-on jamais les décibels d’un hall de gare métropolitaine ?
Fin de journée parisienne et les escalators déversent des flots d’individus au rythme soutenu des rames de métro saturées. Le parvis extérieur est bigarré. Les niveaux de la gare chargés de couleurs, d’humeurs, d’agitations et de passagers empressés de rejoindre leur week-end de trois jours loin d’une capitale dont le climat est à l’air vicié.
Poussière et pollution, irritation nasale et gutturale. La ville transpire ses particules, la ville agace les sens. C’est ainsi ici quand le soleil chauffe l’air et empêche l’élévation des corpuscules. Qu’il le veuille ou pas, chacun se charge alors de micro éléments qui resteront dans son corps et se joueront probablement de sa santé, un jour.
Elle tente de se souvenir des avantages qu’elle trouvait à vivre dans cette ville-là, avant. Longtemps avant lui semble-t-il soudain. Fatigue. Sensation de vide. Une sorte d’épuisement racle dans son corps.
Elle suspend ses pas, pose ses deux bagages, regarde autour d’elle et ne voit que mouvements brusques, visages tirés, corps éprouvés. Est-ce le bruit qui la vide de toute substance ? Et ces milliers d’individus agités, stressés et malmenés qui, la croisant, puisent à son énergie et la déchargent ?
Lentement, chacun de ses mouvements pesé pour être le plus économe, elle reprend ses sacs et avance, à pas lents, vers le quai du train du départ. Quand le mouvement autour d’elle raconte la ruée vers la destination future, vers un ailleurs qu’elle souhaite apaisant à celles et ceux qu’elle côtoie, elle veut pour elle du calme, de la lenteur. Elle veut vivre l’instant à son rythme et pas via celui qu’un environnement angoissé tente d’imposer de la sorte.
Pas à pas.