Dans quel état du monde ?
Elle est là. Pantalons baissés aux genoux. Regard perdu. En équilibre précaire entre deux voitures en stationnement.
Plein jour. La ville s’agite. La circulation automobile charge l’air de sons graves.
Elle a pissé entre ses jambes. Collants noirs grillés sur sa peau blanche. Hagarde elle adosse son corps à l’une des voitures. Glisse ses mains entre ses cuisses. Regarde ses doigts. Les essuie sur le capot de l’autre véhicule.
Boulevard de Strasbourg. Les passants vont et viennent. Regards ahuris. Inquiets. Dégoût. Honte. On parle de maladie mentale. La scène est abjecte. Inhumaine.
Elle défèque. Sa merde se pose sur le pare-choc de la voiture d’appui. Rien pour essuyer. Regard implorant alentour. Elle hésite. Marques au visage. Un rictus.
Ivre. Défoncée. Perchée.
La ville circule autour d’elle en voie d’anéantissement. Annihilation de soi.
Elle se redresse. Enfonce son corps dans son pantalon. Avance un pied puis l’autre sur le trottoir. Équilibre instable. Traine sa fatigue de la vie. Boulet plombé à ses godillots.
Dans quel état du monde survit-elle ?