Barcelona !
Grégoire Polet est romancier et vit à Barcelone.
Entre 2008 et 2011, il observe la ville, ses habitant-es, la crise qui monte et rudoie l’Espagne, les Indigné-es qui s’installent place de Catalogne. Et il a la brillante idée d’en écrire une fiction. Roman choral, Barcelona ! retrace quatre années espagnoles marquantes.
L’auteur nourrit l’histoire de personnages attachants, humains, veules ou braves, déconcertants parfois. On y trouve un bouquiniste un peu aigri qui retombe en amour ; une jeune femme qui rejette le modèle familial bourgeois riche, et choisit de vivre autrement ; un couple de français installés dans la capitale catalane qui peine à se faire aux horaires locaux ; un vieux monsieur dont la fille photo reporter parcourt le monde ; des époux modèles vite désabusés ; des amies de lycée qui se perdent de vue parce que la vie passe et que les chemins s’éloignent ; des étrangers en situation illégale ; un stagiaire en presse qui deviendra journaliste et prendra des responsabilités à la faveur d’un plan social ; un marin en solitaire trouvant, pour un temps, la terre-promise… Et, comme dans le film Short Cuts s’insiprant de nouvelles de Carver, les personnages de Barcelona ! se croisent, se frôlent, se révèlent.
Grégoire Polet raconte aussi la lente dégringolade pour certains, plus rapide pour d’autres. Il dit la précarité, la pauvreté, la révolte, mais aussi l’opulence des milieux de pouvoir où rien ne se compte, en apparence, mais où tout finit par se payer.
Quelques pétages de plomb, des jalousies et des tromperies, de vieux schémas politiques éculés et d’autres jubilatoires, des stratèges qui n’en sont pas, des héros qui s’ignorent… La vie en somme, dans un texte qui se dévore.
L’écriture, pleine de verdeur, alterne des passages d’une narration très oralisée et d’autres plutôt tenus. Chaque personnage est typé, caractérisé avec justesse et simplicité. Et la façon dont l’auteur politise son roman, très habile, est passionnante.
Barcelona ! est publié aux éditions Gallimard, dans la collection “Blanche”.