Autour du monde
En 371 pages, une escouade de personnages traversent le livre comme ils vivent à travers la planète : de toute part. Hommes, femmes, jeunes ou moins, couples qui se font ou se lassent, hémisphère nord et sud… tous ont en commun de vivre au moment où le tsunami qui sera fatal à la centrale de Fukushima agite la planète. Certains mourront, d’autres continueront de vivre comme si rien n’était arrivé, d’autres constateront leur impuissance.
Le roman de Laurent Mauvignier, paru aux éditions de Minuit, est un curieux objet.
Parfois très courts — fort sentiment de frustration —, les portraits vont et viennent et sont, pour les plus longs, annoncés par une photographie dont on mesure difficilement l’intérêt. La reproduction, en petit format noir et blanc de piètre qualité, prive de profiter de l’image et annonce, par transparence du papier, la fin approchant de l’historiette en cours. Curieux décalage apportant un bout de réel figé dans un continuum de vies en mouvement.
Mais, pas le temps de se familiariser avec les protagonistes que déjà l’auteur nous jette dans une nouvelle vague. Balaie d’un revers de la main l’univers qui s’offrait et les projections qu’on y faisait.
L’écriture est belle, simple et efficace. Les phrases courtes. Quelques formules marquent et donnent de l’époque une impression mitigée.
Autour du monde est un roman hybride, entre faits divers successifs et journaux télévisés, entre fragments de vies et restes d’humains, quête d’humanité dans un monde qui en manque cruellement. Un recueil de nouvelles et d’instantanés mis bout à bout. Un collage de pièces désassorties auxquelles on aurait essayé de donner du sens, dans le désordre, tout comme il est difficile de donner du sens à la succession des événements mondiaux.
« Le jeune homme n’écoute pas vraiment, il est pris d’une grande envie de parler, de raconter, et il continue sur sa lancée, Mitch écrit des nouvelles qui parlent des hommes et des femmes, des histoires de gens simples qui essaient de s’en sortir dans un monde fait pour personne . »
La raison d’être de ce livre ?
Une critique de Béatrice Putégnat, chez les libraires de Page