Attente
Cabinet dentaire, salle d’attente. Le décor est sinistre. Murs vert pâle et, à hauteur des dossiers de chaise, une bande de lambris violet en plastique court le long des murs. En fond sonore, bruit de fraiseuse, discussions de l’accueil qui arrivent par bribes, quelques claquements de talons sur le lino du couloir. Odeur médicamenteuse qui hésite entre clou de girofle et anesthésiants flotte dans l’air.
Un homme est assis sur une chaise, buste penché vers la gauche. Avant-bras tatoués. Air las qu’arborent certains, courbés sous le poids de leur propre existence.
À côté de lui, un enfant. Sept ou huit ans. Un garçon à lunettes rouges. Ils discutent très discrètement, l’homme penché vers l’enfant. Ils attendent.
L’enfant se lève, son manteau boutonné autour du cou en guise de cape. Il s’allonge sur une chaise posée à quelques pas, s’étire et tend la main vers un journal qu’il saisit.
L’homme claque des doigts une fois. Une deuxième fois. L’enfant suspend son mouvement. Sans un mot, il revient à sa place, s’assoit. Reprend la pause de l’attente.