Abus de faiblesse
Vilko est un homme qui sort de prison après douze ans payés à la suite de l’accumulation de plaintes pour escroquerie. L’argent, ce jeu de dupes pour lequel il a acquis une grande maîtrise. Il méprise les gens fortunés qu’il estime cupides, vaniteux, dont il tire allègrement profit.
Maud est tout juste rescapée d’un accident vasculaire cérébral qui la laisse hémiplégique. Elle est réalisatrice. Son quotidien est devenu un enfer où tout est problématique : se lever, marcher, s’habiller, manger… Elle découvre Vilko au cours d’un programme télévisé et voit en lui son acteur. Celui qui tiendra son prochain film de bout en bout.
Les personnages se rencontrent. Il est parfaitement tête a claque mais elle ne voit rien — ne veut pas voir — et la fable commence. Il est tordu, elle sans doute guère mieux. Au jeu du chat et de la souris, les rôles alternent mais elle seule se fera manger, un temps. Elle se fait escroquer, ce que chacun sait avant de voir le film écrit et réalisé par Catherine Breillat. Elle-même victime de l’escroc Rocancourt et atteinte d’hémiplégie, elle avait livré ses confidences dans un livre.
Auto fiction donc. Et au cinéma.
Isabelle Huppert extraordinaire dans le rôle principal. Mais Kool Shen a encore du métier à acquérir avant de devenir acteur — on le croirait plagiant Joey Starr, son acolyte de NTM, comme s’il y avait une seule unique façon de jouer quand on est de la banlieue rapeuse et qu’on débarque au cinéma pour y interpréter les méchants, les cyniques, les salauds.
Le film est long. Malgré le délicieux accent belge des personnages du début, la grisaille bruxelloise, on s’ennuie vite. Vilko est agaçant. Maud, cupide, également. Empathie difficile et peu d’émotion, voire pas du tout. Des scènes répétitives trop souvent rejouées, sans doute proches d’une certaine réalité qui encombre le film. On voudrait regarder une fiction, se laisser embarquer, mais le récit factuel peine à décoller et plombe la distance.
Jusqu’à la scène finale, enfin réussie, puis trop longue elle aussi, avant le noir générique.