Changement climatique
L’automne n’en finit pas de dorer. De chauffer. Succession de vagues en douceur. Contraction de fraîcheur. Orages décalés.
Ciel bleu clair sur horizon embrumé. Le brouillard est fréquent ces jours-ci qui maintient l’air en charge maximale de particules cancérigènes. Conduire ou respirer ? Conduire ou manger quand le plein est au pétrole cultivé ? Conduire et tuer ses congénères…
On dirait le changement climatique. Réchauffement plus que saisonnier. Doux, trop doux le climat. On attendrait le froid, se plaindrait qu’il n’arrive pas. À en regretter les pulls à cols roulés et les gants doublés polaire, on conviendrait que le temps a changé. Qu’il n’est plus ce qu’il était. On se le confirmerait, les un-es les autres convaincu-es, tout en n’y croyant pas tout à fait. Question de croyance…
On dirait c’est le début de la fin d’un monde d’avant. La tentative de déplacement vers l’après. On dirait que plus rien ne peut continuer comme on sait et que le monde, le monde lui-même, serait entré en mutation.
Combien de saisons hors saison faudra-t-il pour que les périodes se calent à nouveau ? Que l’harmonie terrestre rejoigne contrées et océans. Que le cœur des animaux retrouve un rythme paisible. Que le monde du vivant se passe de Noé.
Sera-ce seulement possible ? Possible qu’un monde réinventé advienne prochainement ? Un monde plus riche d’humanité que de lignes de tractations bancaires. Un monde de respect et de probité dans lequel les tenants du pouvoir, bien-nés ou parvenus, cessent de se croire permis de tout. L’autre en monnaie sonnante asservi aux pires desseins. La planète à la botte, ses réserves épuisées de voir se succéder les consortiums d’exploiteurs.
Fin de la planète en bowling mondialisé où le strike pour la victoire fracassant les quilles rapporte plus qu’un lancer sans convoitise. Fin des rapte-tout et partage partout.
Arythmie des temps versée, enfin, en légale égalité.
Lui, il tape dans un ballon qui bondit et roule sur gazon synthétique. Dans l’arrière-plan, un chantier. Pelles mécaniques, camions, gilets orange et hommes en casque, chaussures de sécurité. Pas une femme. Du plastique étalé à profusion qui retiendra la terre de nouveaux massifs. Hectares de pétrole transformé. Jeunes arbres en bacs poubelle géants, enroulés de filets plastifiés, prochainement transplantés.
Dans l’espace ceint de grilles, il cout derrière le ballon. Téléphone et court. Shoote vers les paniers de basket, en vain. En tee-shirt et jogging, il joue et joue encore. Qu’en sait-il, lui, du changement climatique vers le nouveau monde ?